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01/11/2018
Des cimetières au bord de la saturation en Picardie
Pour faire de la place dans les cimetières où la place manque parfois, des concessions perpétuelles sont reprises par les mairies. Une procédure longue et fastidieuse.

Inhumer un proche dans le lieu de son choix sera-t-il toujours possible ? Rien n’est moins sûr. Même si l’on est encore loin de la problématique parisienne, où tous les cimetières sont saturés et obligent les Franciliens à se faire inhumer en banlieue, certaines villes picardes commencent également à être confrontées au manque de place.

À Noyon (Oise), par exemple, où une centaine d’inhumations sont réalisées chaque année, il ne reste que 37 emplacements disponibles dans les deux cimetières de la Ville. C’est loin d’être un cas isolé. « Ce phénomène gagne de nombreuses villes où les populations augmentent, mais où les cimetières ne sont pas forcément extensibles, ce qui est un vrai problème », constate Michel Kawnik, président de l’association française d’information funéraire.

Pour y remédier, de plus en plus de communes optent pour la reprise de concessions, que celles-ci soient temporaires (15, 30 ou 50 ans), ou même perpétuelles. Contrairement aux idées reçues en effet, une concession perpétuelle n’a pas forcément valeur d’éternité. Celle-ci peut-être remise en cause au bout de 30 ans en cas de défaut manifeste d’entretien, et si aucune inhumation n’y a été effectuée au cours des 10 dernières années (50 ans si le défunt est mort pour la France.)

« Retrouver des héritiers, cela n’a rien d’anodin »

Ainsi, de nombreuses collectivités traquent ces concessions abandonnées dans le but de faire de la place dans leurs cimetières. Des procédures lourdes et très longues (5 ans en moyenne), qui conduisent de plus en plus de municipalités à faire appel à des sociétés spécialisées.

Créée il y a 20 ans, Gescime, entreprise basée en Bretagne, gère les sites funéraires pour plus d’un millier de collectivités, dont une vingtaine en Picardie parmi lesquelles Noyon, Chambly, Saint-Quentin ou encore Abbeville. « Nous sommes de plus en plus sollicités pour des procédures de reprise de concession, constate Véronique Postec, directrice de Gescime. C’est un travail de longue haleine qui demande aussi beaucoup de rigueur, casser un contrat, retrouver des héritiers, cela n’a rien d’anodin et prend du temps, c’est pourquoi nous encourageons les municipalités à anticiper. Si l’on sait que l’on va manquer de place dans 4 ou 5 ans, c’est aujourd’hui qu’il faut s’y prendre. »

Crémations en hausse

À Amiens, où certains cimetières comme Saint-Pierre, Petit-Saint-Jean ou Saint-Acheul commencent à manquer de places, la reprise de concessions temporaires est effective depuis plusieurs années. Environ 200 exhumations sont réalisées chaque année.

C’est en revanche beaucoup plus compliqué dans un cimetière comme celui de la Madeleine, où repose l’écrivain Jules Verne, qui revêt un caractère historique et patrimonial. La Ville semble néanmoins à l’abri d’une éventuelle saturation, notamment depuis l’ouverture du crématorium, en 2015, ou le nombre d’incinérations est passé de 760 la première année à près d’un millier en 2017. En France, la crémation concerne aujourd’hui plus d’un obsèques sur trois (38 %), soit trois fois plus qu’il y a vingt ans. Un choix qui doit beaucoup à l’évolution des mentalités mais qui est également motivé par des facteurs économiques. À Amiens par exemple, il faut compter près de 7 000 euros pour obtenir une concession perpétuelle dans un cimetière. « Même dans la mort, il y a une forme de ségrégation par l’argent », déplore Michel Kawnik.


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